L’amitié, les visas...et la présidentielle

Publié le par Matil2

NICOLAS SARKOZY DEMAIN À ALGER
L’amitié, les visas...et la présidentielle
12 novembre 2006 - Page : 24

«Sarko» veut non seulement être plus proche des Algériens, mais surtout marquer une rupture avec la démarche de Jacques Chirac.

Le ministre français de l’Intérieur et néanmoins candidat à la candidature à l’élection présidentielle d’avril 2007, est attendu demain à Alger, dans le cadre d’une visite de travail qu’on dit «très politique.» Une visite, qui intervient, rappelons-le, à quelques encablures de l’élection présidentielle.
Le candidat Sarkozy, qui veut coûte que coûte faire oublier son image ternie par la crise des banlieues, adopte désormais un langage plus apaisant à l’égard de la communauté émigrée, laquelle constitue un électorat non négligeable. Sarkozy en déclarant, dans le dernier numéro de Jeune Afrique, vouloir supprimer l’autorisation préalable de visa pour les Algériens et que «l’amitié ne se décrète pas», a voulu, non seulement être plus proche des Algériens, mais surtout, marquer une rupture avec la démarche de l’Etat français, incarnée par Jacques Chirac.
En effet, dans un entretien accordé à Jeune Afrique, «Sarko» a affirmé que «la question du traité, c’est aussi la question de la mémoire et de la repentance». Doit-on comprendre par là que si Sarkozy venait à être investi à l’Elysée, la France officielle demanderait-elle pardon à l’Algérie pour les crimes commis pendant la guerre de Libération? En tout cas, les propos de Nicolas Sarkozy plaident plutôt pour une réconciliation où le respect doit primer entre les deux pays.
Le ministre français de l’Intérieur tentera, donc, à sa façon et selon sa conception, de relancer le dialogue franco-algérien. La question des visas est inscrite en bonne place dans l’agenda de M.Sarkozy, puisqu’il est attendu que ce dernier annonce des mesures visant à faciliter la délivrance des visas Schengen après 18 mois sans relation, au plus haut niveau de l’Etat, entre Alger et Paris.
A noter que depuis 1995, les Etats européens de l’espace Schengen doivent être consultés avant que le pays concerné n’accorde un visa pour l’entrée d’un Algérien sur son territoire; l’Algérie étant le seul pays du Maghreb a être concerné par cette mesure qu’elle juge «discriminatoire».
Sarkozy estime, en effet, que cette procédure d’autorisation préalable de visa «peut être considérée comme vexatoire» à l’encontre des Algériens, «les seuls du Maghreb à la supporter». D’après son entourage, Sarkozy serait en train de travailler avec ses partenaires européens pour rendre plus facile et dans les délais les plus courts l’obtention de visas Shengen.
A Paris, on affirme même que la démarche entreprise par M.Sarkozy est à même de débloquer le traité d’amitié entre Alger et Paris, d’autant plus que la dimension humaine dans les relations bilatérales est primordiale selon Alger.
Une volonté qui pourrait placer l’entretien qu’aura mardi matin M.Sarkozy avec le président Abdelaziz Bouteflika sous des auspices favorables au réchauffement franco-algérien, après des années de tension accentuée par une loi du 23 février 2005 dont un article célébrait les bienfaits de la colonisation française.
Par ailleurs, Sarkozy qui sera sur les traces du secrétaire général du Parti socialiste François Hollande, venu en été dernier en tant que «sous-traitant» de sa compagne Ségolène Royal, candidate favorite des socialistes à la magistrature suprême, annoncée, elle aussi, dans les tout prochains jours à Alger, veut prendre tout le monde de court pour se placer comme candidat favori pour 2007. Il convient de rappeler que ce sera la troisième visite en Algérie de M.Sarkozy, qui y était venu à deux reprises durant l’été 2004 en qualité de ministre de l’Economie et des Finances.

Arezki LOUNI

Publié dans Algérie

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