Transport aérien entre l’Algérie et la France

Publié le par matil2

La guerre des prix

La guerre des promos fait rage dans le transport aérien entre l’Algérie et la France. Pour les trois compagnies aériennes, Air Algérie, Air France et Aigle Azur qui se disputent le marché, la chasse aux passagers en basse saison est désormais ouverte.

Après l’annonce par la compagnie nationale d’une gamme variée de tarifs promotionnels au départ d’Algérie vers la France jusqu’à 60% de réduction, la riposte d’Air France ne s’est pas fait attendre. Elle lance une campagne promotionnelle appelée « Le ciel est une affaire » sous forme d’une réduction de 60% proposée aux voyageurs algériens vers Paris et Marseille pour des départs qui devront se faire entre le 16 novembre 2007 et le 27 mars 2008. Contacté par nos soins, Meziane Idjerouidène, DG d’Aigle Azur, déclare : « Les promotions visent à favoriser les déplacements en périodes creuses. C’est aussi une manière de remplir les avions. Le gros du marché a évolué et les compagnies favorisent de plus en plus leurs formules pour répartir leurs offres tout au long de l’année. » Dans le même contexte, il nous annonce le lancement du e-ticket en Algérie : c’est opérationnel à Alger depuis deux semaines et à Oran, Constantine et Béjaïa depuis une semaine. L’année dernière, Aigle Azur a transporté 1 500 000 passagers entre la France et l’Algérie (dans les deux sens). L’attachée de presse de la compagnie nous a confirmé récemment l’existence d’une « promotion de 99 euros vers l’Algérie, toujours d’actualité, en fonction évidemment du remplissage de l’avion ». Jean-François Fauveau, délégué régional d’Air France en Algérie, nous explique que la compagnie française « a réagi immédiatement après la nouvelle promotion d’Air Algérie. Air France se place en challenger. Le but est d’être aussi concurrentiel que la compagnie nationale algérienne et de mieux mettre en évidence notre programme de fidélité Flying Blue qui permet de tripler les miles en voyageant d’Alger vers Paris et Marseille. Lors de cette période promotionnelle, le client Air France « Ivory » (nouvel adhérent) pourra bénéficier d’un billet gratuit vers Marseille dès son cinquième aller/retour. On cherche à dynamiser ces lignes et permettre aussi aux Algériens de prévoir leurs déplacements, voire de passer du bateau à l’avion ». Il ajoute : « Nous évoluons dans un marché qu’on connaît bien et où nous sommes très présents. » Air France va sortir le grand jeu : cette promotion sera dans la presse et dans les centres urbains à travers de grands affiches « pour permettre à beaucoup de gens d’en profiter ». L’ordre de progression de la compagnie pendant la saison estivale est de 30% en termes de trafic. En l’espace de deux ans, elle a doublé ses capacités. Le marché algérien est extrêmement ouvert et les technologies de l’information et de la communication lui donnent un sacré coup de pouce. Le billet électronique a tissé sa toile très rapidement. « On est passé de 0% lors du lancement à 75% quinze jours après. Aujourd’hui, on est à 87% de billets électroniques délivrés dans les agences. Pour la fin 2007, on vise 100% de billets électroniques », précise encore le délégué régional. Si la compagnie française est aussi offensive, ce n’est pas simplement pour s’imposer sur les lignes de France et d’Algérie mais mise toute sa stratégie sur le hub de Roissy-Charles-de-Gaulle, « une carte maîtresse pour assurer son développement dans les années à venir ». 50% des voyageurs vont au-delà de Paris, essentiellement vers l’Asie ou le Canada. Pour Air Algérie, le réseau France demeure son premier marché à l’international, soit 48% du trafic global passagers. Elle ne veut plus accuser le coup mais plutôt anticiper les tendances et les enjeux du transport aérien en étudiant les évolutions à moyen et long termes de la demande. « En ouvrant notre espace, on pourrait pénétrer de nouveaux marchés en passagers et en fret, mais cela nous exposerait à la concurrence des compagnies étrangères sur des destinations où nous réalisons notre meilleur chiffre d’affaires », affirme un cadre d’Air Algérie. Pour pallier l’augmentation des prix du kérosène et des taxes aéronautiques, la compagnie a revu ses tarifs à la hausse à plusieurs reprises au cours des dernières années. La direction a toujours préféré parler de « rattrapage » évitant le terme d’augmentation. C’est le principal motif de mécontentement des voyageurs. Et pour mieux faire passer la pilule, elle a décidé de faire des promotions. En libéralisant le ciel algérien sur le réseau international par les pouvoirs publics, les responsables d’Air Algérie ont pris conscience du danger de négliger la publicité et les promotions. Les autres compagnies ont utilisé leurs leviers de développement avant la compagnie nationale. La situation de monopole, conséquence des choix économiques depuis l’indépendance, a éloigné la compagnie des critères de rentabilité et de bonne gestion. Le vent des réformes qui souffle actuellement est l’occasion de faire évoluer les mentalités. Les lignes desservant la capitale française sont les plus rentables et Air Algérie ne veut pas lâcher le morceau. Désormais, la concurrence est rude et les nouvelles compagnies tentent par tous les moyens de s’imposer. Elle sait que la bataille du ciel sera gagnée en restant compétitive sur la destination de la Ville lumière. Outre les promotions, Air Algérie a des arguments à faire valoir : l’une des plus jeunes flottes du secteur avec 33 appareils dont l’âge moyen est de 5 ans et un meilleur service catering. Il est prévu le lancement prochain d’un nouveau produit de fidélisation de la clientèle appelé « Air Algérie Plus ». Ce système permettra de mieux connaître la clientèle et d’établir avec elle des relations afin de la fidéliser. Par ailleurs, Air Algérie est sur un projet e-ticketing visant la généralisation de l’utilisation du billet électronique. La date butoir de mise en place de le e-ticket pour toutes les compagnies aériennes a été fixée à 2008 par l’IATA.

Kamel Benelkadi

Publié dans Algérie

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