Promouvoir le français - Les actions globales

Publié le par matil2

 

 

Communication de Brigitte Girardin en conseil des ministres le 15 février 2006

 

On compte aujourd’hui à travers le monde un peu plus de 180 millions de francophones (pour qui le français est langue maternelle ou seconde) et 82,5 millions de personnes apprenant le français en tant que langue étrangère, au sein des systèmes éducatifs nationaux ou, pour 650 000 d’entre eux, par le biais des réseaux d’établissements culturels et scolaires français de l’étranger. Le français est ainsi, avec l’anglais, la seule langue présente sur les 5 continents.

En dix ans, le nombre d’apprenants de français dans le monde a augmenté de 16,7 millions de personnes, essentiellement en Afrique, en Asie et en Océanie ce qui ne s’explique pas uniquement par la croissance démographique. L’objectif est d’accroître le nombre de francophones d’autant qu’à l’heure actuelle un double constat s’impose :

-  La demande de langue française reste forte, même si le français est aujourd’hui placé dans un environnement concurrentiel face à l’anglais et à l’espagnol notamment.

-  Le mouvement général de reconnaissance de la diversité culturelle est une chance pour le plurilinguisme et pour le français. La demande de français repose, dans les régions anglophones et lusophones notamment, sur une volonté de diversification culturelle et linguistique.

Dans un combat qui reste difficile, la France doit aujourd’hui consolider la politique engagée en amplifiant les actions menées pour renforcer l’usage du français dans le monde.

La politique de promotion du français conduite par le ministère s’appuie sur trois instruments :

- un dispositif d’influence de 148 centres et instituts culturels, 295 alliances françaises et 251 établissements d’enseignement à l’étranger qui jouent un rôle important dans la formation des élites étrangères francophones.
- un audiovisuel extérieur performant : TV5 et RFI. TV5, chaîne multilatérale francophone, est aujourd’hui, avec 175 millions de foyers desservis, le deuxième réseau de télévision au monde.
- une Organisation internationale de la Francophonie rénovée et modernisée, regroupant 63 États et gouvernements membres.

Cette politique s’appuie également sur une coopération éducative originale en zone de solidarité prioritaire, à laquelle le ministère de l’Éducation nationale apporte une expertise précieuse.

Notre action répond à trois objectifs :

- conquérir de nouveaux publics en développant le français de spécialité pour satisfaire la demande (français des affaires, du tourisme...)

- adapter notre stratégie en fonction des grandes aires culturelles et linguistiques. Par exemple, dans le monde arabe, le ministère des Affaires étrangères travaille à l’accompagnement du renforcement du français comme langue d’enseignement dans le Maghreb, à la généralisation d’un trilinguisme arabe/français/anglais au Liban et en Égypte, et à la généralisation de l’apprentissage du français langue étrangère dans les pays du Golfe, en Syrie, et en Jordanie.

- agir prioritairement dans les 3 zones géographiques où le français a un fort potentiel de développement :

  • L’Europe et les institutions européennes où se joue l’avenir du français comme langue des relations internationales. la France doit veiller à ce que l’Union européenne élargie offre au monde l’exemple d’une diversité culturelle et linguistique assumée, surtout dans le fonctionnement quotidien de ses institutions. Le recours de plus en plus fréquent à l’anglais comme seule langue de travail, et comme seul outil de communication avec les pays ou organisations tiers, risque d’affaiblir encore la position du français sur la scène internationale.
    C’est pourquoi, dans le cadre de l’Union européenne, notre pays milite pour la généralisation de l’introduction d’une 2ème langue vivante pendant la scolarité obligatoire dans les pays européens et pour la maîtrise réelle, outre la langue maternelle, de deux langues de l’Union par les candidats aux concours de la fonction publique européenne. Il œuvre également au renforcement des dispositifs d’enseignement bilingues francophones dans le secondaire et le supérieur en Europe et finance un ambitieux programme de formations au français de publics-cibles dans le cadre de l’élargissement, mis en œuvre par l’OIF : plus de 6 000 fonctionnaires des nouveaux États membres appelés à siéger à Bruxelles en sont bénéficiaires.
  • Les grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Mexique, Russie) susceptibles d’ouvrir de nouvelles frontières à la langue française. Il s’agit surtout d’y accroître notre réseau d’Alliances françaises.
  • L’Afrique et plus spécifiquement l’Afrique francophone où vivent et vivront le plus grand nombre d’usagers de la langue française. L’Afrique aura plus d’1,2 milliards d’habitants à l’horizon 2020. Or, dans la plupart des pays d’Afrique francophone subsaharienne par exemple, seuls 5 à 10% de la population maîtrisent vraiment notre langue. La situation du français y reste donc très fragile.

Dans ce contexte, nous entendons veiller à ce que, dans les années qui viennent, le français devienne réellement, en Afrique, la langue du développement, de la solidarité et de l’intégration régionale.

Pour y parvenir il nous faut :

- améliorer la formation des formateurs. L’insuffisante maîtrise du français, langue des apprentissages fondamentaux, dans les pays francophones d’Afrique, est en effet, un véritable sujet de préoccupation, tout comme l’état de délabrement des systèmes éducatifs. Les programmes d’Éducation Pour Tous qui s’y développent dans le cadre des OMD vont accroître les effectifs des apprenants en français. Ces programmes mobilisent d’importants crédits et leur mise en œuvre n’a de sens que si la qualité des enseignements en français est améliorée. Par exemple par la mise en place au Maghreb de pôles pédagogique de référence pour la formation des maîtres (de type IUFM), comme le souhaite le ministre des Affaires étrangères.

- augmenter le nombre de professeurs de français. Le ministère engagera cette année un plan triennal pour former à terme plus de 10 000 professeurs de français afin de répondre aux nouveaux besoins et notamment en Afrique.

- créer un environnement favorable au français hors milieu scolaire. Il est impératif de « sortir le français de l’école » et de renforcer la présence de notre langue dans la vie quotidienne pour mieux l’enraciner. Aussi faudrait-il renforcer notre présence audiovisuelle en Afrique francophone, en élargissant par exemple la couverture hertzienne de TV5, en contribuant au développement de médias africains en français et en soutenant la production de programmes à l’attention, par exemple, du public féminin, vecteur principal de la transmission culturelle.

- relancer une réflexion sur la nécessaire articulation de l’enseignement du français et des langues locales. La France continuera de soutenir, notamment à travers les programmes de l’OIF, les politiques linguistiques nationales et aidera à la réflexion sur l’utilisation du français langue étrangère en Afrique.

- renforcer le rôle et l’usage du français dans les institutions et organisations régionales. La France engagera un programme d’aide aux Centres de français langue étrangère africains pour la formation de formateurs appelés à enseigner dans les pays africains non francophones. À l’exemple du plan pour le français dans l’Union européenne, l’OIF développera, en collaboration avec notre pays, un plan de soutien à l’usage du français dans les organisations régionales africaines comme l’Union africaine ou la CEDEAO.

Le français est pour beaucoup une grande langue de communication internationale. Il doit le rester. Il s’agit là d’un enjeu de rayonnement et d’influence pour notre pays, et pour l’ensemble des États regroupés au sein de la Francophonie, tout autant que d’un enjeu de diversité linguistique et de pluralisme culturel. La politique de promotion du français du ministère des affaires étrangères ne peut être bien sûr dissociée des autres outils au service de l’influence française : les coopérations culturelle, scientifique, éducative, universitaire et audiovisuelle. Elle ne peut être non plus détachée de l’image de la France. Notre pays, s’il veut continuer à promouvoir sa langue, doit incarner l’ouverture au monde et rester fidèle à ses valeurs universelles et humanistes.

Mis en ligne le 11/04/06

Publié dans Stage

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