Le livre religieux au centre de tous les intérêts

Publié le par Matil2

Occupant une place importante au 11ème Sila

Le livre religieux au centre de tous les intérêts

Les stands des ouvrages religieux occupent approximativement le tiers de l’espace d’exposition du 11ème SILA et accueillent un flux considérable de visiteurs

Mardi 7 Novembre 2006

Par Farida Belkhiri

Comme chaque année, le livre religieux se taille la part du lion au Salon international du livre d’Alger. Occupant le centre ainsi que les deux extrêmes du pavillon central, les stands de ce genre d’ouvrage «fourmillent», attirant de plus en plus de foules, des visiteurs barbus en kamis et des visiteuses en hidjab notamment. Des versets coraniques et des chants religieux emplissent l’air, dominant le brouhaha continuel des centaines de visiteurs parcourant le pavillon.

Un marché de stock
Des ouvrages de toutes sortes sont exposés, en passant des livres du Saint Coran jusqu’au fatawi, ahadith et autres ouvrages d’exégèse. De beaux ouvrages aux reliures dorées et argentées sont exposés aux regards. Curieux, les visiteurs tournent autour, avides d’en connaître le contenu. Les livres passent de main en main. Des discussions entre éditeurs et lecteurs, ou lecteurs et lecteurs sont engagées. Parfois, des débats naissent. D’autres clients préfèrent «papillonner» autour des affiches, éléments de décor, cassettes audio, CD et VCD religieux qui occupent une grande partie des stands. Attirés par les chants et l’image de célèbres prédicateurs comme Amr Khaled, ces clients en achètent en grande quantité. Des films religieux sont également proposés. Comme le célèbre film Errissala (le message) de Mustapha el Aakad dont des extraits sont diffusés sur de grands écrans. «Les gens achètent ce genre de livres parce que, d’un côté, les prix ne sont pas trop élevés, surtout dans les maisons d’édition arabes qui proposent des prix de gros, et, d’un autre côté, beaucoup de ces livres ne sont pas disponibles dans les librairies algériennes.
Le marché d’édition national accuse un grand déficit en matière de livres religieux. Les lecteurs essayent donc de profiter des occasions qui leur sont offertes avec le Salon. Certains lecteurs dégagent même un budget spécial Sila. Ils veulent acheter le plus possible en dépensant le moins possible», explique l’éditeur Rabah Mahmoudi. Dans le même contexte, cet éditeur ajoutera que «les machariqa [éditeurs orientaux] connaissent parfaitement le marché algérien. Ils agissent donc en conséquence et se comportent d’une façon purement commerciale. La preuve, ces éditeurs vendent des marchandises en gros aux libraires. Ce qui est interdit, car ces éditeurs étrangers ne payent pas la douane. Mais en l’absence de contrôle, ils s'en donnent à cœur joie. En fait, ces éditeurs ont des stocks qu’ils ramènent pour les écouler. C’est ce qui fait que le Sila est considéré comme un marché de stock, un marché commercial et non un événement culturel», sur ce plan du moins.

Ouvrages 2005-2006 inexistants
En effet, dans ce sens, M. Mahmoudi estime que les éditeurs orientaux agissent comme si le peuple algérien n’existait pas dans la grande histoire, que l’Algérie n’était pas concernée par les nouveautés intellectuelles. «Si le livre religieux prédomine dans les différents Sila, c’est parce qu’il n’y a pas d’ouvrages qui peuvent lui tenir tête. Les nouveautés littéraires ne sont nulle part. Même pas dans le domaine religieux. Ce sont toujours les mêmes titres qui reviennent. Où sont passés les ouvrages 2005-2006 ? C’est cela qui donne l’impression au visiteur qu’il n’y a pas grand-chose. Il se rabat donc sur le livre religieux. Quant aux éditeurs étrangers, ils sont libres d’apporter ce qu’ils veulent et de commercialiser ce qu’il veulent», affirme-t-il.
A propos des éditeurs arabes, il est à noter que plus d’une quarantaine d’éditeurs saoudiens participent au Salon international du livre.

Un regard salafiste
«Il est clair qu’en Algérie,il y a le courant salafiste qui prend de plus en plus d’ampleur et qui bénéficie d’un grand lectorat. Les éditeurs saoudiens ainsi que les autres éditeurs arabes sont conscients de cela et agissent en conséquence. Ces éditeur proposent donc un regard salafiste à l’état brut pour répondre aux exigences du marché algérien. Au lieu de proposer des ouvrages nouveaux sur la religion, basés sur d’autres analyses et de compléter ainsi ceux déjà existants, ces éditeurs se focalisent sur des écrits signés par des auteurs qui apportent un regard médiéval sur la religion», explique M. Mahmoudi.
Un critique littéraire confirme ces dires en estimant que la prédominance du livre religieux «répond à une politique qui veut orienter la société alg rienne vers le salafisme scientifique». Il ajoutera en disant que, même les éditeurs algériens, notamment ceux qui participent au Salon international du livre, suivent le même principe que les éditeurs arabes participants en s’approvisionnant auprès des maisons d’édition saoudiennes, égyptiennes surtout et relativement des maisons d’édition libanaises et syriennes.   

F. B.

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